Les sponsors fuient-ils la Formule 1? Avec le retrait d'ING lundi 16 février, un nouveau nom s'ajoute à la liste des sponsors qui arrêtent la compétition. Qu'il s'agisse de Honda ou Super Aguri, tous les sponsors invoquent la même raison: la crise ne permet plus de faire face aux budgets exorbitants de ce sport. Les montants sont jalousement gardés secrets mais certains chiffres circulent: 10 millions d'euros d'investissement pour une voiture, et 100 millions d'euros pour le fonctionnement d'une écurie.
En pleine crise financière, il n'est guère étonnant que les entreprises considèrent comme mal venues de telles dépenses. Surtout pour les banques et les constructeurs automobiles, qui prennent de pleins fouet la chute de la demande de voitures, et suppriment des postes à tour de bras. ING le regrette: "La Formule 1 était le seul sport qui pouvait nous aider à améliorer notre image et les résultats ont été très bons". Avec 2,5 milliards de téléspectateurs pour chaque Grand Prix, le retour sur investissement pouvait être bon. Mais cela n'est plus justifiable.
Les sponsors ne peuvent tout simplement plus suivre. La Fédération de l'automobile cherche des solutions pour réduire de 30% les budgets de neuf écuries encore en course en 2009. Elle planche notamment sur la mutualisation des moteurs, après celle des pneus. En mutualisant les ressources, les investissements sont de facto réduits. Seul hic, la Formule 1 ne sera plus la succursale de l'innovation des voitures du futur, comme les constructeurs aiment à le rappeler. D'ailleurs, Michelin était sorti de la Formule 1 à la suite de la décision de la fédération de proposer le même pneu pour toutes les voitures. Sans concurrence, l'enjeu est moins intéressant.
Bon nombre d'observateurs estiment que la Formule 1 n'a pas fini de souffrir. Ce sport n'a pas touché le fond. Au-delà de la crise, le changement des mentalités pour un meilleur respect de l'environnement pourrait lui porter un nouveau coup. Même si les constructeurs s'en défendent, les sports mécaniques ne sont pas écologiques. "Aujourd'hui, les entreprises réfléchissent plus aux budgets qu'ils élaborent, aux messages qu'elles veulent passer, aux valeurs véhiculées. Et de plus en plus, ce sont les sports qui prônent la nature et des valeurs écologiques qui vont en profiter", confirme Gilles Fallet, associé-gérant d'Aventsport (société spécialisée dans le marketing sportif).
La voile, malgré l'investissement nécessaire -à peu près du même acabit que la F1, soit entre 80 et 100 millions d'euros par bateau- va encore attirer les sponsors grâce aux valeurs écolos de ce sport. Le foot, le rugby, ou le cyclisme, sports retransmis à la télévision et très populaires devraient aussi résister. D'ailleurs, selon l'agence Quarterback, "le tournoi des VI Nations n'a pas eu de problème à attirer des sponsors. Pour l'instant tout est normal, cela ne sera peut-être pas une grande année, mais ça va".
Pour les autres entreprises, celles qui n'investissent pas dans les grands rendez-vous sportifs, la stratégie pourrait être de multiplier le sponsoring de petits évènements qui sont plus écologiques. A l'instar de la mutuelle MMA qui sponsorise les Masters de pétanque. A 25.000 euros le ticket d'entrée pour un sponsor, on est loin des montants de la F1. Pourtant, la finale, retransmise sur France 3, attire 1,5 million de téléspectateurs. Les retombées ne sont pas négligeables. "MMA investit 100.000 euros et sa visibilité télé est supérieure à 200.000 euros", précise l'agence Quarterback. En clair: si MMA avait acheté des spots télés aux heures où la finale est passée sur France 3, cela lui aurait coûté plus de 200.000 euros, son investissement est donc largement compensé.
D'autres sports pourraient attirer les entreprises: l'aviron, le handball, le kayak. "Nous pourrions récupérer à terme les entreprises déçus des sports mécaniques ou du dopage", espère une agence. Après tout, "le sport véhicule de vraies valeurs, et reste un bon refuge".
Source e24.fr